jeudi 8 octobre 2009

EXPOSITION CINDY COOKIE



D8 au 25 octobre 2009Cindy Cookie présente sa première exposition parisienne à l'APOSTROPHE dans le 10e arrondissement. Au programme : 25 linogravures et un vernissage musical en présence de l'auteur le samedi 17 octobre à 19h30.
Parmi les 25 images exposées : une partie de Nightclubbing, vie nocturne accompagnée des textes de Jean Valstar.

L'Apostrophe, 23 rue de la Grange aux Belles, 75010 Paris, du lundi au samedi, de 8h à 2h.

samedi 2 février 2008

jeudi 31 janvier 2008

NIGHTCLUBBING, VIE NOCTURNE : par Orphée, liftier

Aux commandes de l'ascenseur, je suis l'explorateur du grand tunnel vertical. L'habitacle est vide, j'attends dans le noir. Je fais semblant de ne pas exister. Parfois, une âme égarée entre, nous nous mettons en route, direction les enfers. L'ascenseur murmure, les lumières des étages clignotent comme les réverbères d'une grand autoroute. Je souris, poliment. La porte s'ouvre, l'autre s'en va dans les couloirs tortueux de l'oubli. Et puis voilà, soudain, j'ai l'impression que le cosmos m'appelle, j'ai envie d'astrolabes, besoin de nébuleuses. Je monte, j'accélère vainement en appuyant sur le bouton, avec frénésie. En route ! File, cabine, monture, espace confiné au sommet du conduit. Je monte sur le toit. La voûte céleste se renverse à l'infini, la nuit se brise. Je m'assois. L'air frais balaye mon visage et le monde qui s'agite à mes pieds.

Voilà l'aube.

mercredi 30 janvier 2008

NIGHTCLUBBING, VIE NOCTURNE : par Achile, vieillard

Donc je m'en vais seul, dans les sentiers lumineux de la ville électrique. Je travaille, je regarde la lune par la fenêtre, dans mon lit, je frémis au futur qui m'attend. Je travaille, je marche, je rentre chez moi dans la ville électrique, rêvant de vents, de ciel, de lumière, de vitesse, de fureur, de bruit. Je travaille, je travaille, je croise des silhouettes affolantes, frôle de suaves tissus, je rêve de puissance, de fierté, de monuments, de destruction. Je travaille, je travaille, je travaille, je travaille, je travaille, je travaille. Je prends ma retraite. J'ai emménagé dans mon futur lumineux, mais les lampes grillent une à une. A Noël, je suis entouré par des gens qui s’emparent avec douceur des rêves latents. Je réalise au moins un souhait, j'achète un chien ; je meurs.

mardi 29 janvier 2008

NIGHTCLUBBING, VIE NOCTURNE : par Bilal, coupeur de Kebab

La fenêtre est ouverte, c'est l'hiver, j'ai chaud. Toujours le taré sur le trottoir, devant moi, en train de m'interpeller. Il est là, bien tranquille, campé sur la barrière au bord de la route, avec sa bière extra-forte à la main. Il se marre. Je lui jette un oeil noir. Des jeunes qui rentrent, silencieux. Les mains dans les poches, le menton dans le manteau. Et puis le vieux turc avec ses moustaches d'empereur, il salut tout le monde. Et puis la femme qui semble perdue, hésitante, qui me demande un grec mais sans oignon, sans tomate non plus, sans salade, et sans sauce, voire sans viande et éventuellement sans pain. Le döner tourne comme un manège qui rétrécit. Le taré qui se marre. Hey mec qu'il me fait, t'es con de bosser comme un con. Je ne dis rien, j'aiguise ma grande lame en soupirant. Je sue. Une vieille dame rentre, une inconnue. Je remets encore des frites. Quand j'en aurai fini, je regretterai de ne pas avoir plus de jambes à allonger sur le sofa, pour me détendre absolument.

lundi 28 janvier 2008

NIGHTCLUBBING, VIE NOCTURNE : Par Romain, Policier

Nous filons sur la voie rapide, les lumières jaunes défilent sans fatiguer. J’ai la tête appuyée contre la vitre, rêvassant, mon visage clignote, comme enregistré méticuleusement par le scanner du ciel. Nous arrivons bientôt, accident mortel. Je rêve de vastes plaines, d’oursins, de pâté de campagne, d'atmosphères parfumées d’écumes. Je mâche ma langue au goût de café. Comme des géants, les immeubles se dressent, au mille yeux lumineux. Assise le cul sur la route et riant, la mort est comme au fast-food, les voitures sont des emballages éparpillés sur le plateau de bitume. Elle s’esclaffe en tapant son ventre cave, il lui reste des morceaux de rires entre les dents.

dimanche 27 janvier 2008

NIGHTCLUBBING, VIE NOCTURNE : par Achille, nourrisson

Je nais, je ne vois rien, il fait froid, j'ai faim. Je mange, j'ai mal au ventre, j'ai faim, je ne vois rien, j'entends des voix, j'ai froid, j'ai mal au ventre. L'eau, chaude, comme chez moi, je suis bien, je dérive. Puis j'ai froid, je hurle, j'ai mal au ventre, je mange. Je tète, c'est doux. Je dors. J'ai faim. La voix de la matrice, je suis heureux, soudain, j'ai faim, je n'en peux plus, je vais disparaître d'avoir si faim. Puis j'ouvre les yeux : un visage ! Le même. Je souris. J'attrape une sorte de truc ça fait du bruit. C'est original. Je suis si heureux ! Tout d'un coup, j'ai horriblement faim. Je m'endors, je me réveille, il faut partir à l'école, je trace des lettres, puis on me donne un bilan, mes parents l'examinent, je fais rouler mon train. Puis le train ne marche plus, je dois passer des examens, je ferme la porte derrière moi, la ville est toute à moi, et je m'en vais, seul.

samedi 26 janvier 2008

NIGHTCLUBBING, VIE NOCTURNE : par Alberto, gardien

Je m'allonge sur le lit. Je regarde le plafond. La scène, se répète, obstinément. C'est la fin, tout est sous controle, il suffit d'un match nul pour se qualifier. Les gens applaudissent, je me retourne, je salue le public, je fais une roulade, je m'accroche à la barre transversale pour me détendre, pour déconner. L'adversaire tente une attaque, mais le ballon atterrit dans les pieds du défenseur. Celui-là, à une dizaine de mètres, me fait une petite passe tranquille en retrait, je trottine avec classe pour la récupérer. Mais tandis que je vais pour dégager, je me prends les pieds, je m'écroule. Le ballon, lentement, doucement, vient mourir dans mes buts. La foule hurle, ils me lancent des chaussures, ils s'entre-tuent. Mes camarades s'arrachent les cheveux, se mangent le poing. Je suis seul dans ma chambre d'hôtel. J'allume la télé, aux informations, on passe ma cascade, au bêtisier aussi. Je change de chaîne, un film de mafia. Le héros dit : on a tous droit à une seconde chance.

vendredi 25 janvier 2008

NIGHTCLUBBING, VIE NOCTURNE : par Dieu, dieu

J'ai fait des mondes, j'ai fait ce monde, j'en ferai d'autres.

Je fais des mondes, comme des mouchoirs jetables, j'ai des centaines de mondes dans la poche de mon veston, j'invente le temps, je me mouche avec le temps qui passe, je pisse des litres d'existences humaines, je regarde le bout de mon doigt à travers les horizons insondables et les singularités du cosmos.

J'ouvre le temps comme un vulgaire journal gratuit, je me délasse le temps que je mange des planètes, pendant ma pause, et je jette le temps dans la poubelle du néant. Je me cure les dents avec des civilisations, je mets des continents pour caler ma table qui bouge, je roule des crottes de langages dans les doigts quand je me gratte le Verbe. Je suis Dieu, je fais vraiment ce que je veux. En boite de nuit, je pourrais assurer comme une bête, mais j'ai ma dignité, et ces choses là ne m'intéressent pas. J'arriverais en Alpha-Roméo, ma montre Oméga dans la main. Mais je suis l'alpha et l'oméga tout court, c'est pas mal aussi.

jeudi 24 janvier 2008

NIGHTCLUBBING, VIE NOCTURNE : par A., profane

Un vieux sabotier fou de rage d’exercer un métier disparu son fusil mitrailleur se dirige au campus la montagne tirer à vue des ours des Pyrénées étudiants la cuisine des moutons spongiforme malade le réacteur nucléaire la place Beauveau pour la signature des hélicoptères de combat munis de missiles survivants naufrage d’un cargo le cyclone bientôt dévasté des millions d’enfants ravisseurs toujours en fuite métro portrait robot vont bientôt marcher dans l’espace des vies extraterrestres disparition d’une figure on déplore les grévistes pris en otages bientôt libérés plusieurs mois des soldes le délai légal dimanche acteur et pour finir une note de gaieté de cette édition notre envoyé spécial en balistique américain une forteresse Bagdad Jéruslaem-Est tous volontaires la police un temps pluvieux sur la moitié nord du Pays.

mercredi 23 janvier 2008

NIGHTCLUBBING, VIE NOCTURNE : Par anna, société de nettoyage

Les écrans ronronnent, têtes carrées, à la respiration électrique. Les couloirs se croisent, marchent, interminables. L'aspirateur que je passe cogne contre les plinthes dans le silence, je sifflote. Par la fenêtre, les immeubles sont assis, avec parfois une lueur isolée sur le front, comme d'impassibles cyclopes. Dans une cafetière laissée allumée sur un bureau, un fond noirâtre de café fini de s'évaporer. Le verre est brûlant, j'éteins l'interrupteur. Je prend le récipient, et le passe sous l'eau tiède. Je laisse un mot : penser à éteindre le café, signé la société de nettoyage. Est-ce que j'ai une tête de société, moi. Parfois, un fond d'écran bucolique me fait songer, dans la nuit éveillée, une vision de poissons coincés dans l'aquarium électronique. Le jour va se lever. J'irai prendre le métro, parmi les ouvriers au visage creux et les ivrognes écroulés.

mardi 22 janvier 2008

NIGHTCLUBBING, VIE NOCTURNE : par Mme Romano, extralucide

La nuit est muette, l'avenir se tait. Le soleil (Arcane XIX) s'est couché sur le monde, et je scrute. Les rideaux bruissent comme des os de pendus. Attente et prudence. Dans mon cagibi, je fais mes gammes, je tente de retrouver la souplesse clairvoyante de ma jeunesse. Mais l'avenir est silencieux, et se dresse et toise comme un visage fermé de l'Ile de Pâques. Peut-être qu'il n'y a plus de futur du tout. Je devine surtout dans les lames les candeurs disparues, un pot de confiture inaccessible et doux ; je regarde, mais les joies futures semblent déjà passées. Il faut bien payer ses steaks, et les gogos n'ont de toute façon pas d'avenir particulier. Je fixe le brouillard au seuil du temps présent. J'attends depuis trop longtemps, mais rien ne vient. Je regarde par la fenêtre s'éteindre la lune (Arcane XVIII).

lundi 21 janvier 2008

NIGHTCLUBBING, VIE NOCTURNE : par Edmond, prêtre

La nuit arrive, je m'agenouille pour te prier, Seigneur. Je prie avec mon coeur, avec mon latin, avec mes poings serrés de colère. Tu n'es qu'Amour, moi je ne suis que colère, à nous deux nous formons un bon duo, comme le gentil et le méchant flic. J'ai mal aux genoux, j'ai mal au ventre, j'ai mal au monde. Nous sommes des misérables, nous sommes veules, nous sommes bêtes, nous sommes ignorants, et Toi tu es la Splendeur des espaces sans limites ; j'ai faim, je doute, je sais des monstres quand je rampe dans les catacombes de l'âme. La nuit passe comme un désert exorbitant. Je me suis endormi face contre le drap, car contrairement à toi, je n'ai pas la force de penser tout le temps.

dimanche 20 janvier 2008

NIGHTCLUBING, VIE NOCTURNE : par Tristan, petit garçon

Je me couche très tôt. L'été, il fait encore jour, je regarde le soleil danser dans les volets. J'attends, parfois je n'ai pas sommeil. L'hiver, il fait nuit toute la journée, la nuit, il fait absolument nuit. Des pas qui craquent chez les voisins. Des ombres, dans les rideaux. Je me serre sous le coussin, je me protège. Je ne suis pas rassuré. Au dessus, des ombres sans visage marchent en rond, marmonnant. Dans des placards, des spectres pleurent. Sous les lits, des yeux au corps de brouillard observent. Quelque chose qui bouillonne à l'intérieur de mon esprit, quand je serai grand je fabriquerais des métros, mais là je fabrique des monstres à la chaîne. Je crie. Maman arrive, elle me serre dans les bras. Ça va mieux.

samedi 19 janvier 2008

NIGHTCLUBBING, VIE NOCTURNE : par Willy, maquereau

Donc personne ne m'aime, c'est pour ça que je fais le mal. Le mal ! J'ai comme une blessure secrète dans mon coeur, un tatouage intérieur, comme les méchants dans les films, je n'ai plus d'émotion. Des hommes font le bien, moi je suis comme le messie du diable, tu vois le genre. Je suis libre. Je suis comme le prêtre à l'envers : tu me dis les choses bien que tu as faites, je te confesse. J'ai le gun dans ma poche. Un jour, on voudra m'emmerder, alors je sortirai le gun de ma poche, comme les hommes libres. Il y aura du vent dans les cheveux, des colombes. Pan pan pan ! Moi ou lui, la cervelle voltigera dans le ciel, et ma mère viendra identifier ma tête disparue, béante comme une tulipe, en gémissant devant le chariot d'aluminium : "je l'aimais bien mon tout petit".

vendredi 18 janvier 2008

NIGHTCLUBBING, VIE NOCTURNE : par Rachel, fille perdue

Donc je sors le petit papier : l'adresse, le code. Je sors aussi la carte satellite que j'ai imprimée, il y a la rue, les métros, les bus, le bar "le Saxo" est en plein milieu. J'ai également une carte routière, un plan de poche. Je marche. Je file dans la nuit, je prends la première à gauche, la dernière à droite. Des poubelles. Des murs aux fenêtres condamnées. Des chiens. Je retourne sur mes pas. Des ombres qui marchent, avec des bonnets pointus, je longe la voie ferrée, j'ai rendez-vous hier soir, je suis en retard. Les rues tournent, les lampadaires ploient. Je suis toute petite. Le ciel est une machoire, les batiments des dents. Une armée de jeunes de banlieue morts va sortir des tombes pour me violer avec leurs corps décomposés. Je cours, je cherche un taxi, une personne, et personne.
Voilà l'aube.

jeudi 17 janvier 2008

NIGHTCLUBBING, VIE NOCTURNE : par Rex , vigile

Toi tu rentres, toi tu rentres, toi tu rentres pas. Toi...

Toi...

Ah merde qu'est-ce que je fais avec lui ? Bon, normalement, je devrais pas le faire rentrer, sinon je vais avoir des problèmes. C'est pas que j'ai des consignes, mais on m'a dit t'es malin, toi. Mais si je le fais pas rentrer, j'aurais des problèmes aussi, à cause des associations. Tu pourrais pas sortir un couteau, ou montrer ton sexe, comme ça je te fais pas rentrer, c'est clair et net et on en parle plus ? Tu veux pas discuter avec moi ? Toute la soirée, je te raconte des blagues, si, comme ça tu rentres pas mais tu sors pas non plus, et on est tranquille toute la nuit, au seuil de la boite, entre deux mondes. Au seuil ! Au seuil de la nuit, du jour, du bien, du mal, je deviens fou.

mercredi 16 janvier 2008

NIGHTCLUBBING, VIE NOCTURNE : par Damien, célibataire

Je danse ! Regarde comme je danse ! Tu me cottoies, à dix mètres, derrière une ville de gens, mais le courrant passe, le temps trépasse, je fais un tour de passe-passe ! Regarde, tu aimes mon style, sans doute, je me tourne sur place, avec cette main sur la tête, en pensant à toi. Et toi, tu penses sans doute à moi, avec tes amis, ces types sportifs, là. Tu ris ! Moi je danse, regarde ma ceinture, je l'ai mise en pensant à toi, tout à l'heure, sans te connaître. On pourrait bien s'entendre. Je te montrerai des tours de passe-passe, de passe-muraille, regarde, je fais du style avec des mots, en pensant à toi. Nous nous devinons, moi qui te surveille, toi qui ris avec tes bons amis, les sapeurs-pompiers, les avocats tennismen, les surfeurs. Je sue, mais je sue bon, car j'ai un déodorant, et une belle chemise, pour penser à toi. Je m'agite, à des centaines de gens de toi.

Regarde moi ! Où es-tu ? Disparue.

mardi 15 janvier 2008

NIGHTCLUBBING, VIE NOCTURNE : par Patrice, barman

Donc ils étaient tous là ! Ah dis donc, tu aurais vu. Il y avait tu sais le type de la télé et sa pouffe bon sang il pourrait être son père et puis l'autre comment elle s'appelle la chanteuse ou l'actrice ou les deux ah on s'est pas ennuyé il se passe toujours quelque chose. Alors comme d'habitude ça a dégénéré ils étaient déchaînés ils sont montés sur les tables avec les cravates autour de la tête et puis ils ont gueulé allez Régine amène ton chien qu'on le baise puis ils ont enlevé leurs vêtements en jouant au foot avec des verres et des bouteilles puis ils ont sorti des tournevis et des ciseaux ils ont commencé à s'arracher des doigts puis ils sont violé le chien ils se sont foutu le feu avec de la vodka ils ont ensuite déterré des cadavres et bu le champagne dans leur crâne puis ils se sont ouverts en deux et décoré le bar avec leur tripes oh donc on s'en souviendra longtemps de cette soirée.

lundi 14 janvier 2008

NIGHTCLUBBING, VIE NOCTURNE : par Léa, retraitée

Donc je me couche tôt. Je mange léger. Si je mange trop lourd, ça me pèse, je ne dors pas. Je m'agite alors, et je vois des ombres dans les placards.

Je regarde des photos. Il y en a tellement, j'ai l'impression que ce sont elles qui vivent là, et qui m'ont posée sur le fauteuil pour décorer. Je me couche tôt, après les informations, et toute la vie vient de passer. Je ne sais pas jouer de la musique. Dire que je n'ai jamais mangé de chiche kebab. Dire que j'ai pas voyagé aux Amériques. Je sors alors. Les ombres me regardent sous les portes, j'avance, je vais chez le Turc. Saladetomatoignon ? A moi la vaste ville. Je reviens avec mon petit sac blanc fumant, dans la nuit tombée. Je le pose sur le napperon de la table. Bon appétit !

dimanche 13 janvier 2008

NIGHTCLUBBING, VIE NOCTURNE : par Faxor, héros de la nuit


Une rumeur infernale gronde dans la ville, respire par les bouches d'égouts, comme les branchies d'un gigantesque poisson. Moi, Faxor, héros de la nuit, apprenti comptable le jour, je me glisse le long des murs aux affichages silencieusement hystériques. J'ai ma combinaison dans ma sacoche, et furtif et anonyme, je suis à l'affût des injustices et des abominations, pour y mettre un terme. Les murs sont secoués de musiques sourdes. Les méchants rodent, silhouettes rouges, spectres invisibles, savants fous aux drames intimes inavoués. Les monstres se cachent, et moi, je veille.

samedi 12 janvier 2008

NIGHTCLUBBING, VIE NOCTURNE : par X, silhouette

Une voix murmure d'un ton mat dans le tunnel de la nuit, comme l'électrocardiogramme du monde : Accor, plus trois pour cent, Crédit agricole moins zéro virgule huit pour cent, Danone plus un virgule quarante cinq pour cent. Des voix se mélangent emprisonnées dehors par mes fenêtres, des tintements de verre, des froissement de pneus. Essilor INTL mois quatre pour cent, Lagardère plus vingt pour cent, L'Oréal moins mille pour cent. Un géant s'assoit sur sa chaise, dont le coussin est rembourré de gens. Schneider Electric plus un million de pour cent, Suez moins quarante milliard de pour cent. Je cherche le bouton, caressant la carapace inconnu d'un désordre tapi près de moi, et presse doucement sur l'interrupteur, pendant un très bref instant, quand la voix se coupe , j'ai l'impression d'éteindre le monde.

vendredi 11 janvier 2008

NIGHTCLUBBING, VIE NOCTURNE : par Rachel, Sage-femme





Donc l'enfant qui se love, dans le ventre, au chaud, doux, tendre. Il entend des bruits extérieurs, feutrés, la folie du monde, il vit en harmonie, entre le foie, les poumons, les tripes. Puis il naît. Je l'accueille, morceau de lune, tendre animal infiniment craintif et fragile. Moi, mon fils a quinze ans, c'est un ado. Des fois, je te jure, je pourrais vraiment l'étrangler.

jeudi 10 janvier 2008

NIGHTCLUBBING, VIE NOCTURNE : par Fred, guitariste




Donc au début, on commence par des gammes. Ça s'enchaîne douloureusement ; avec des parpaings, monter des escaliers. Tes mains articulent comme si elles sortaient, la bouche pâteuse, de chez le dentiste. Puis tes doigts fredonnent, se dénouent comme un chignon d'interminables cheveux. Tes doigts ont bafouillé pendant des siècles et soudain, le vin coule de tes mains, tu parles l'argot de Dieu, ça se délie comme le chignon des sirènes, pendant que les clients mangent leur choucroute.

mercredi 9 janvier 2008

NIGHTCLUBBING, VIE NOCTURNE : par Claude, Madame


Donc, tout le monde porte des masques. Quand tu te lèves, tu portes un masque de rêve, quand tu es dans le métro, avec tes écouteurs vissés, tu portes un masque de musique ; quand tu manges, tu portes un masque posé sur la table ; quand tu vas aux toilettes, tu le poses à tes pieds et tu passes les mains par le trou de ton visage, pour chercher, comme si tu tendais ta main dans le cosmos. Quand tu promènes ton chien, tu portes un masque de chien, ou alors c'est ton chien qui porte un masque de maître. Tu descends l'escalier, aux murs feutrés et rouges. Au fond, dans un souterrain climatisé, les gens s'emboîtent, et tu reconnais leur masque familier.

mardi 8 janvier 2008

NIGHTCLUBBING, VIE NOCTURNE : Par Audrey, nymphe


Donc tu travailles dans la communication. Moi aussi un peu, en fait, j'aime beaucoup communiquer. Que dis-tu ? Tu aimes quoi tout court ? J'ai écrit des poèmes, comme tout le monde, oui, ne ris pas. Au calme je te les ferais lire. J'y parle de ma vie, de ma jeunesse, oui c'est maintenant, la jeunesse.

Dans le cou de la nuit
Il y a du parfum

Le parfum du bruit
Qui fume


Chez moi, il y a un vasistas, je suis en direct de la lune. Moi j'aime rire, ne ris pas. J'ai des drames intérieurs, aussi, des choses cachées. Heureusement, tout est bien étanche. Ça n'éclatera pas, comme un ballon. Ne ris pas. Ris, si tu veux.

lundi 7 janvier 2008

NIGHTCLUBBING, VIE NOCTURNE : par Martial, poète et artiste de performance







Donc, vers 22h, je me suis mis à mon bureau, habité par la nuit. Sur la moquette, le cendrier rebondit doucement, car j'habite au dessus d'une boite de nuit. Je sors alors du papier pour écrire, et du whisky. La lune se lève au dessus des toits, blanche comme ma feuille, orange comme le whisky. Des gens chantent dans la rue, je n'ai pas d'idée, je bois juste du whisky. J'allume la télévision.

dimanche 6 janvier 2008

NIGHTCLUBBING, VIE NOCTURNE : par Dominique, punk





J'aime fumer des clopes. La nuit est comme un tunnel à travers des canalisations de merde. Je regarde ces moutons qui vont s'entasser au "Saxo". Ils bossent toute la semaine, et le samedi soir ils se font gerber. Et puis ils me font gerber. Je rigole jusqu'à m'en déboîter la mâchoire. Des copains me rejoignent. "On va au Saxo ?" Oh non. Ils me laisseront jamais entrer, je représente tout ce qu'ils détestent. Au bar du Saxo, je bois une bière, j'attends, comme sur le crochet d'un grand abattoir, et puis, rien.

samedi 5 janvier 2008

NIGHTCLUBBING, VIE NOCTURNE : par Rodrigue, ex-vigile







Avec Totor, je garde le mur de la banque, je pleure, je rigole, je traite les gens de connards. Comme la vie passe ! Je regarde les putes, que je traite de putes. Puis je suis ému par une tête. Totor aboie, je traite Totor de connard. Je demande une clope à quelqu'un, je dis merci avec tout mon coeur, et je le traite de connard. Puis je serre Totor dans mes bras, mon poto, mon frère. Espèce de connard.

vendredi 4 janvier 2008

NIGHTCLUBBING, VIE NOCTURNE : par Myriam, pute









Donc vers 22 heures, j’ai eu un client, puis j’ai fumé une cigarette. Ensuite, j’ai eu un autre client, puis un autre. Après j’ai eu un autre client, mais c’était pénible, il n’avait pas de quoi payer. Il voulait me faire un chèque, l'abruti. Enfin, j’ai eu plusieurs clients, dont un informaticien, puis je suis allée me coucher.

jeudi 3 janvier 2008

NIGHTCLUBBING, VIE NOCTURNE : par Fred, mec bourré







Donc on est sorti, on est resté un moment dans le métro, on est rentré dans la boîte, il y avait je ne sais plus qui que j’ai rencontré que j’ai pas reconnu tout de suite, on a un peu discuté mais j’ai dit n’importe quoi ; finalement je l’ai reconnu et puis au bout d’un moment j’ai voulu aller aux toilettes, il y avait aussi des gens, je me suis lavé les mains et puis je me suis endormi et on m’a raccompagné.

mercredi 2 janvier 2008

NIGHTCLUBBING, VIE NOCTURNE : par Ulu, épicier






Donc, c'est 22 heures, je m'apprête à fermer boutique. Je vais rentrer mes salades, plus personne n'achète de salade, c'est la nuit. Juste des bières. Des jeunes, une fille avec un bonnet, des gens avec des pantalons rouges. Des bières. Des punques. Une grand-mère arrive, je lui dit "bijour" pour déconner. Elle achète une salade, et du cif. Un autre jeune, avec un bonnet. Peut-il me faire un chèque ? Je soupire. Il prend des bières.

mardi 1 janvier 2008

NIGHTCLUBBING, VIE NOCTURNE : par Bertrand, grand enfant




Donc vers 22 heures, je suis allé au "Saxo", le bar-dancing de Tassin-la-Demi-Lune, il y avait un concert de Stéphane et Jean-Mi (Stéphane au chant et Jean-Mi qui passe les disques de playback et qui allume et éteint très vite la lumière pour faire un stromboscope). Je me suis installé au bar et j’ai commandé un double whisky. Cette blonde, je l’ai repérée tout de suite, je lui ai offert une cigarette, puis on a parlé. Je lui ai raconté ma passion pour le C++, le langage JAVA, les scripts CGI-BIN, l’administration réseau (je suis informaticien). Vers trois heures du matin, je lui ai dit : « on va chez toi ? », elle m’a dit : « non ».

lundi 31 décembre 2007